Discours du Parti Social Démocrate HENTCHAKIAN le 24 avril 2012 à Paris
le 24 avril 2012
Discours du Parti Social Démocrate HENTCHAKIAN le 24 avril 2012 sur les Champs-Elysées.
Chers amis, nous avons été trahis!
Le 28 février dernier le Conseil Constitutionnel saisi par 142 parlementaire, de gauche comme de droite, nous a trahi, nous citoyens français ainsi que tous les défenseurs des valeurs humanistes.
La formule conventionnelle, qu’il nous a jetée avec mépris, masque une décision nauséabonde, dans laquelle les considérations diplomatiques ont largement primé sur la réflexion juridique.
Finalement, la politique et le déni ont pris leur revanche sur le droit.
Pouvait-il en être autrement ? Même si les membres les plus ouvertement compromis avec la Turquie ne participaient pas aux délibérations, nous savions pertinemment que le CC n’avait pas été purgé des influences pilotées par Ankara ; il était certain que des membres influents, présents ou passés, déploieraient un zèle sans limite pour faire obstruction à cette loi.
Cette décision frappe par la vacuité de ses arguments et son profond cynisme. Au nom d’une « liberté d’expression » galvaudée, la censure de la loi de pénalisation du négationnisme souille la mémoire des victimes du premier génocide du XXème siècle.
Curieuse conception que celle d’une liberté d’expression sans limite, qui légitime et cautionne les discours racistes et négationnistes !
Comble du cynisme, le CC ose évoquer le principe d’égalité pour justifier sa décision.
De qui se moque-t-il ?!
Ce texte permettait aux descendants de victimes de tous les génocides reconnus par la France de bénéficier de la protection de l’Etat Français.
Il avait précisément pour but de corriger une inégalité de traitement entre les citoyens protégés par la loi Gayssot et ceux à qui l’on refuse la protection de la mémoire.
Etablir une hiérarchie entre les descendants de victimes de génocides, est-ce là la conception républicaine de l’égalité ?
Les députés et sénateurs à l’initiative de la saisine ont délibérément feint d’ignorer le négationnisme du génocide des arméniens.
Ce négationnisme, piloté par Ankara, s’est intensifié sur le territoire français ; il a pris notamment la forme d’actes de vandalisme sur les stèles commémoratives, de rassemblements d’ultranationalistes remplis de haine et d’agressions physiques de militants.
Eh bien ces parlementaires ont légitimé le négationnisme, l'ont encouragé, et l'on renforcé, au lieu de le condamner!
Faut-il leur rappeler que le négationnisme est la continuation du processus génocidaire ? Faut-il leur rappeler qu’il y a quelques années à peine en Turquie un plan à été élaboré par l’état profond, LE PLAN DE «LA CAGE» qui visait à renouveler un massacre envers les Arméniens de Turquie et les non musulmans. Ce plan a conduit à l’assassinat de Hrant Dink.
Les parlementaires français ont non seulement comme devoir de garantir la sécurité des citoyens français, mais également de faire en sorte que le crime s’arrête aux frontières de la France.
En déniant aux français d’origine arménienne le droit le plus élémentaire, à savoir la protection de l’Etat, les quelques 140 parlementaires qui ont saisis le CC nous ont traités comme des citoyens de seconde zone.
Cela devient inquiétant quand on sait que certain sont membres du lobby turc qui se déguise en Institut du Bosphore.
Une fois de plus, les considérations politico-financières ont primé sur les idéaux de justice et de dignité humaine.
Alors que le droit est là pour défendre l’opprimé, le 28 février dernier, cette noble discipline a été instrumentalisée pour être mise au service du négationnisme et de l’arménophobie.
Alors même que des composantes de la société civile turque, soutenaient, en Turquie même, la légitimité de la loi de pénalisation des génocides, à l'image de l'association des Droits de l'Homme à Istanbul pour ne citer qu’eux… qui se battent courageusement pour que la vérité éclate au grand jour…
eh bien tous leurs efforts ont été ruinés... car ne pas condamner ce négationnisme d'Etat revient en réalité à le renforcer.
En privant notre République Française de l'arsenal législatif pour combattre le négationnisme, le Conseil Constitutionnel est allé à l'encontre de la décision cadre du Conseil de l'Union Européenne du 28 Novembre 2008 qui demande que chaque Etat membre prenne les mesures nécessaires pour…je cite… « Punir l’apologie, la négation ou la banalisation publiques des crimes de génocide. »
A tous ceux qui ont trahi les valeurs de notre République, de gauche comme de droite…nous saurons nous rappeler et faire connaître votre trahison aux prochaines élections législatives.
Sachez également que notre détermination n’en est que plus forte, et que rien n’arrêtera notre combat car l’histoire est en marche.
Les tentatives de plus en plus désespérées de la Turquie pour arrêter un processus de reconnaissance inéluctable nous montrent que notre but est de plus en plus proche. Leurs gesticulations sont le prélude à notre victoire.
Car si quelques élus sont prêts à cautionner le négationnisme pour servir d’obscurs intérêts, d’autres font honneur à leur fonction en soutenant cette cause juste et universelle et, par leur engagement indéfectible à nos côtés, redonnent leurs lettres de noblesse aux valeurs de notre pays.
A ceux-là, je voudrai dire MERCI. Et surtout leur dire que nous continuerons à nous battre contre vents et marées pour faire barrage à la politique génocidaire et négationniste d’Ankara et faire ENFIN triompher la justice.