Interview - Kevork Satchlian pour Verelk

le 01 octobre 2009

Interview - Kevork Satchlian pour Verelk

Le génocide arménien peut-il faire l’objet d’une comédie ? Entre les mains de Vardan Petrossian, artiste aux multiples talents, - auteur, acteur, chanteur -, cette toute nouvelle interprétation de l’histoire n’est pas un sacrilège. Bien au contraire. C’est la voie qu’il a choisie pour « digérer » l’immense douleur qui martèle encore les Arméniens. Dans son spectacle Verelk (« élévation » en français), le passé jaillit des microphones, au milieu des rythmes de jazz, des danses burlesques et des peintures colorées. Il est narré par Vardan Petrossian et s’appuie sur le personnage central du père Komitas, qui symbolise le vécu des Arméniens. Après son succès à Erevan, le spectacle sera joué en France pour la première fois le 8 octobre prochain, dans l’auditorium d’Issy-les-Moulineaux, en arménien, avec le précieux soutien de la ville. A l’origine de l’évènement : deux associations, issues du parti politique social-démocrate Hentchakian. Gaidz Nor Serount Association Culturelle Arménienne, dont l’objectif est de promouvoir la culture, et Nazarpek Jeunesse Hentchakian, qui s’attelle à sensibiliser les jeunes à la citoyenneté.

Faire bouger la société arménienne

A la base, l’idée était d’organiser un évènement culturel à l’occasion du mois culturel arménien, en lien avec le génocide. Car pour Kévork Satchlian, représentant du parti en France, il faut « faire bouger la société arménienne » : « On ne parle pas assez du génocide, les Arméniens ne sont pas assez nombreux dans la rue, alors qu’on est encore loin d’une reconnaissance du génocide par la Turquie. » Pourquoi pas ainsi exploiter d’autres moyens d’en parler, outre les conférences et les manifestations ? Pourquoi pas tenter d’attirer d’autres publics, d’ouvrir les yeux aux jeunes générations, moins sensibles aux discours des historiens et des politiques ? Avec la représentation de Verelk, c’est chose faite. L’histoire se transmet avec des moyens modernes de communication, avec des couleurs et de la musique, avec humour, finesse, et honnêteté.

Rire ou pleurer

Reste qu’aborder la problématique du génocide avec humour pourrait en choquer plus d’un... Kévork Satchlian peut en témoigner : « C’est un humour noir qui frappe et fait réfléchir. On se demande si on doit rire ou pleurer ». Pourtant, pour lui, il n’y a aucun risque. Car Petrossian a toute la légitimité pour présenter ce spectacle au titre provoquant et au contenu audacieux. D’une part, parce que l’artiste est connu de tous les Arméniens d’Arménie et de la diaspora. Sa puissance et son talent artistique ne sont plus à prouver. D’autre part, parce que Petrossian est avant tout un Arménien. L’histoire de son pays, il l’a apprise dans les livres, mais aussi par les témoignages de ses grands-parents et de son père, déporté de son pays natal en 1915. La douleur, il la ressent chaque jour. Mais Vartan veut construire le futur de sa nation. « Le temps de la douleur est révolu, dit-il. C’est le moment de chasser le complexe de victime de notre subconscient. » Le message est passé. Nous n’avons plus qu’à suivre l’artiste dans son « élévation ».

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